Peux-tu te présenter brièvement et nous raconter ton parcours avant ton arrivée chez les Jokers ?

Bonjour, Guillaume (dit Guigui), j’ai 31 ans et je suis originaire d’Epinal dans les Vosges. Mon parcours avant mon arrivée chez Les Jokers se dessine en plusieurs parties. Tout d’abord, à la sortie de mon cursus scolaire, je me suis dirigé vers l’apprentissage en pâtisserie durant 5 ans. En parallèle, j’allais voir les matchs à Épinal puis je suis devenu bénévole les soirs de match. En 2015, j’ai eu l’opportunité de me faire embaucher à ce poste de responsable matériel avec Épinal pour 3 saisons avant malheureusement le dépôt de bilan du club. C’est donc de là que je suis arrivé à Cergy, où je suis resté de la saison 2018/2019 à janvier 2022 avant de prendre la décision de rentrer chez moi pour plusieurs raisons personnelles. Aujourd’hui, me voici de retour chez les Jokers.

Tu es donc ce que l’on appelle un chef matériel. Peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ?

Le métier de responsable matériel consiste à gérer toute la partie équipement des joueurs. A l’intersaison, on commence à contacter l’ensemble des joueurs afin de connaître leurs besoins pour la saison qui va suivre. Fin mai, j’envoie la commande à notre fournisseur exclusif CCM puisque nous avons des crosses et des patins sur mesure pour certains joueurs et cela demande un certain délai de fabrication. L’objectif est d’avoir l’ensemble du matériel ou presque pour la reprise du camp au mois d’août puis du réassort en cours de saison en fonction des stocks. L’une des parties très importante de ce métier est l’affûtage des patins. Chaque joueur a un type d’affutage particulier avec plus ou moins d’accroche (le creux). Je peux aussi être amené à faire de la couture, différents types de réparations d’équipement, le lavage des maillots et combinaisons des joueurs, la préparation logistique pour les déplacements…

Comment devient-on chef matériel d’une équipe de hockey sur glace professionnelle ?

Pour devenir responsable matériel, je pense que la chose primordiale à avoir est la passion. C’est un travail très intéressant et enrichissant, mais c’est un travail où tu ne peux pas compter tes heures de travail et tes jours de congés et parfois tes heures de sommeil,  et qui demande aussi des sacrifices. Même si c’est parfois difficile, quand  tu es réellement passionné, tu te rends compte que c’est une chance énorme de travailler dans le domaine que tu aimes. Sinon, il n’y a pas de formation particulière, ni de diplôme qui existe, l’apprentissage se fait directement sur le terrain.

Prenons une semaine type avec un match à domicile en semaine et un match à l’extérieur le week-end + les entraînements. Peux-tu nous parler des missions que tu dois remplir jour par jour ?

– Le lundi, pour commencer la semaine, avant l’entraînement, je prépare les pipettes d’eau, j’installe les maillots d’entraînement à la place des joueurs, j’installe le banc avec les pipettes. Ensuite, l’entraînement a lieu et il arrive certaines fois qu’il y ait des demandes. Ensuite, après l’entraînement, je m’occupe des lessives, de ranger et nettoyer le vestiaire, puis je m’occupe de l’affûtage des patins. La veille de match, en général, cela représente 12/15 paires. Enfin, je termine par distribuer le linge dans chaque casier des joueurs.

– Le mardi jour de match à domicile, comme pour chaque entraînement, je prépare les pipettes et maillots ainsi que le banc. L’entraînement a lieu mais de façon plus courte avant les matchs (30min). Je m’occupe des lessives, ranger et nettoyer le vestiaire, quelques affûtages d’avant match, vers 14h je commence la préparation du vestiaire avec la mise en place des maillots, serviettes, bas etc… Ensuite a lieu le match, je m’occupe donc de la porte et réponds à toute demande qui peut avoir lieu, réparation, affûtage etc… Après la fin du match, je m’occupe de toutes lessives, du rangement et nettoyage du vestiaire et je finis en général vers 2h du matin.

– Le mercredi lendemain de match est en général une journée de repos.

– Le jeudi est semblable à la journée du lundi et d’une journée d’entraînement. La charge de travail varie en fonction de la demande des joueurs, en plus de l’affûtage il peut y avoir des réparations, des coutures sur les équipements. Chaque veille de déplacement, il y a également la préparation de toute la logistique dans des malles différentes. Il faut faire en sorte d’avoir tout le matériel nécessaire comme si nous étions sur un match à domicile pour répondre à un maximum de demandes. En général, comme les déplacements sont assez lointains, nous partons le jeudi soir à 22h pour faire la route de nuit en bus couchette.

– Le vendredi matin, lorsque nous arrivons, il faut décharger toute la logistique du bus, puis tout installer et s’adapter en fonction des patinoires afin que tout soit fonctionnel. Ensuite, il y a la préparation de l’entraînement, puis l’entraînement. Les lessives sont gérées par l’équipe adverse. L’après-midi, nous préparons le match du soir. Après celui-ci, il faut ranger toute la logistique, la charger dans le bus pour reprendre la route du retour de nuit.

– Le samedi matin, nous arrivons plus ou moins tard sur Cergy en fonction de là où nous étions. Il faut ensuite décharger le bus et faire toutes les lessives, avant de ranger toute la logistique, ce qui prend environ 3h. L’après-midi, nous sommes en repos.

– Le dimanche est une journée classique et les tâches sont également semblables à une journée type d’entraînement comme j’ai pu le citer précédemment.

Je tiens aussi à signaler que je suis régulièrement accompagné par Alain Gautron, bénévole du club qui m’accompagne sur de nombreuses tâches et quelques petits déplacements.

Quelles sont les missions que tu préfères dans ta fonction ? Au contraire, quelles sont celles que tu aimes le moins ? 

Je dirais que l’affûtage est une des missions que je préfère. C’est une des missions les plus importantes, qui demande précision et rigueur. Je ne sais pas si on peut considérer ça comme une mission, mais ce que j’aime le moins, ce sont les déplacements. Les nuits dans le bus fatiguent les organismes et sont sources de fatigue, notamment en fin de saison.

Quel est ton rapport avec les joueurs et avec le staff sportif ? 

Je pourrais dire que j’ai un bon rapport avec l’ensemble des joueurs. Il y a une très bonne ambiance au sein du vestiaire qui est super agréable. Après, il faut aussi garder une certaine distance et crédibilité sur le plan professionnel, il y a toujours des moments où nous pouvons rigoler et charrier mais il y a aussi des moments où il faut faire preuve de plus de sérieux. J’ai également de bon rapport avec le staff sportif, avec qui j’ai plus de concertation sur la planification, sur l’organisation des déplacements etc.

Est-ce que l’on pourrait te qualifier de « nounou des joueurs » ou de « papa des joueurs » ? Qu’est-ce que cela t’inspire ?

Oui, c’est vrai que j’entends ses expressions là par moment (rires). Ce n’est pas faux, car mon travail consiste à faire en sorte que les joueurs n’aient à penser qu’à jouer au hockey, que ce soit aux entraînements comme en match. Si un petit souci intervient sur leurs équipements, je dois faire en sorte de trouver une solution pour le résoudre.

Enfin, parlons un peu performance. Quelles sont tes attentes / tes aspirations pour la saison à venir des Jokers ? 

Pour ma part, je n’ai pas d’attentes ou d’objectifs particuliers. En revanche, j’espère que l’équipe gagnera le plus de matchs possibles pour figurer en play-offs puis aller le plus loin possible. J’aimerais également voir un beau parcours en Coupe de France pour pourquoi pas faire une finale dans la magnifique enceinte de Bercy !

#TOUSJOKERS